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La courbe du deuil et la reconversion professionnelle

Changer de métier implique de devoir faire le deuil de son job et de sa précédente vie professionnelle. C’est une étape inévitable et indispensable pour ouvrir la page de sa nouvelle vie. Voici le processus et des conseils pour être armé pour affronter cette étape.

Le deuil est associé systématiquement à la perte d’un être cher. Cette phase douloureuse est nécessaire pour l’acceptation de la disparition d’un être aimé. « Elle n’a toujours pas fait son deuil » est le genre de phrase que l’on prononce pour parler d’une personne qui n’a toujours pas accepté la mort d’un proche. Cette personne est donc coincée dans des émotions négatives comme le déni, la tristesse ou encore la colère. Elle va utiliser ce que l’on appelle des marchandages pour saboter le processus d’acceptation de la perte d’un proche. Mais le processus de deuil ne s’enclenche pas que face à la mort. Effectivement, nous passons par le seuil dans n’importe quelle situation qui implique de vivre un changement : une rupture amoureuse, un déménagement, un concours raté. La reconversion professionnelle n’y échappe pas !

Peut-être allez-vous penser qu’il y a quand même une différence entre la mort, un licenciement économique ou disciplinaire et la reconversion. Oui et non.
Oui, parce que perdre son emploi est une situation que l’on n’a pas choisie. On la subit. De ce fait, le processus de deuil peut s’avérer plus douloureux et long.
Non, parce que même si c’est vous qui décidez de quitter votre job pour vous reconvertir, vous vivez le changement. Le deuil est une étape à laquelle vous ne pouvez pas échapper peu importe la situation que vous vivez.

On pourrait penser de prime abord que dans cette situation, le deuil se fait rapidement et sans douleur. Là encore, rien n’est certain. Cela varie d’une personne à une autre en fonction de son bagage émotionnel, de sa sensibilité ou encore de ses expériences.

Comprendre le processus de deuil dans une démarche de reconversion

Dans une démarche de reconversion, le processus de deuil se fait en deux temps.
On commence avec le premier temps : c’est juste avant de prendre la décision de quitter votre emploi.
Il se poursuit avec le second temps : le moment de quitter votre job est acté et vous êtes engagé(e) dans le processus de reconversion.
Ce processus de deuil porte le nom de courbe du deuil ou courbe du changement. C’est Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre et psychologue suisse, qui est à l’origine des travaux de cette courbe du deuil. La voici :

Nous pouvons constater deux phases sur cette courbe : la phase descendante et la phase montante. Dans une démarche de reconversion, la phase descendante va correspondre à la période où vous vivez des émotions négatives. Cela se traduit par :

  • Un choc = je m’ennuie, ce que je fais n’a plus de sens
  • Le déni = non, mais ça va je suis quand même bien dans mon travail
  • La colère = c’est mon responsable qui est nul !
  • La peur = Et si je ne retrouvais jamais plus le sourire au travail ? Et si le problème, c’était moi ?
  • La tristesse = Je dois ouvrir les yeux. Ce job ne me convient pas. Je ne suis pas heureux.

La tristesse est le point de chute. Le début de l’acceptation où l’on commence à prendre conscience d’une page qui se tourne et du moment d’en ouvrir une autre. C’est là qu’arrive la phase montante :

  • L’acceptation = il est temps de me reconvertir pour enfin me donner la chance d’avoir une vie professionnelle épanouissante
  • Le pardon = ce n’est pas la faute des autres, je me pardonne d’avoir mis tout ce temps pour passer à l’action
  • La quête de sens = je me lance dans les recherches, je me fais accompagner
  • La sérénité = j’ai trouvé ce que je veux faire et je construis mon projet.

Le temps que l’on passe dans une de ces différentes phases varie d’une personne à une autre. Par exemple, vous pouvez sauter la phase du déni. Ou vous pouvez aussi rester dans la phase de la peur un long moment. Certaines personnes restent même bloquées dans une phase de déni toute leur vie : « Non, je suis quand même heureuse de mon job ». Ces personnes refusent de voir la réalité en face, ce qui les empêche de passer à la phase suivante.
Pour d’autres, les phases défilent avec rapidité et elles arrivent facilement dans la phase montante de la courbe. Il est également possible de faire des allers-retours entre les phases.
Voici un exemple pour illustrer :

Imaginons que vous soyez lancé dans une démarche de reconversion. Vous êtes dans l’étape de « la quête de sens », en pleine investigation et réflexion pour clarifier vos idées. Vous trouvez une idée que vous souhaitez explorer. Dans cette phase, vous prenez conscience qu’il va falloir faire des efforts et des sacrifices pour vous reconvertir dans ce métier : reprendre des études, déménager, renoncer à certains plaisirs que votre job actuel vous permet d’assouvir.
C’est là que vos peurs reviennent en pleine figure. Vous songez à vos collègues de travail que vous appréciez, à la proximité de votre lieu de travail par rapport à votre domicile. Vous vous dites que tout n’est pas si noir, qu’il y a des choses que vous aimez dans votre job. Tout à coup, vous n’êtes plus sûr(e) de votre choix ! 

Rassurez-vous, c’est tout à fait normal. La reconversion est un voyage émotionnellement vertigineux !

 

Comment faire le deuil de son précédent job sereinement ?

Traverser cette phase de deuil sereinement demande de se faire confiance. Vous devez avoir confiance en vos choix. Vous devez sentir au fond de vous que changer de métier, c’est ce que vous voulez ! Mais votre décision de vous reconvertir doit être réfléchie.

Tout d’abord, vous devez être clair sur les raisons de votre envie de changer de métier.
Beaucoup de personnes ne prennent pas le temps de faire le tour des raisons pour lesquelles elles veulent quitter leur job et se reconvertir. Pour faciliter ce travail, dressez la liste de tout ce que vous n’aimez pas dans votre job et illustrez ces points avec un exemple concret.

Ensuite, il faut travailler vos blocages psychologiques. Ces blocages sont les croyances limitantes que vous avez en bagage. 
Ces croyances proviennent de votre expérience de vie, de votre famille. Elles sont limitantes lorsqu’elles vous empêchent d’avancer vers votre objectif. Dans ce cas, il faut mettre le doigt dessus, en prendre conscience et s’ouvrir à d’autres perspectives.
Les croyances limitantes ne sont qu’une interprétation d’une situation donnée. Cependant, les interprétations ne sont pas la vérité. Pour cela, il suffit de prendre de la hauteur et de changer de point de vue.
Les blocages psychologiques regroupent également vos peurs et votre manque de confiance en vous. N’oubliez pas que tout changement implique une part d’incertitude et d’inconnu. Vous ne pouvez pas être à 100% certain de ce que vous allez trouver au bout de ce changement.

Enfin, l’autre conseil pour vivre sereinement le deuil de votre job est de vous entourer de personnes qui sont dans la même situation que vous et/ou qui ont déjà vécu une reconversion.
Ces personnes doivent être optimistes et vous tirer vers le haut !

Vous pourrez discuter avec elles, faire part de vos doutes, de vos émotions, mais aussi de vos avancées et de vos victoires. La clé c’est d’être épaulé, bien entouré et ne pas s’isoler.  En somme, vous devez voir ces personnes comme des alliées pour traverser cette phase de deuil et atteindre votre objectif.

 

Accompagner son entourage professionnel et personnel dans le deuil de son job

Dans un processus de reconversion professionnelle, le deuil n’impacte pas que le principal ou la principale concerné. Il impacte également son entourage. Les personnes avec lesquelles elle travaille et vit. Dans la phase descendante, vous êtes dans un état d’esprit que je qualifierais d’abattu. Dans votre attitude, cela se traduit par de l’irritabilité, de l’impatience ou encore une baisse de motivation. Vous ruminez dans votre coin parce que vous refusez de partager vos états d’âme à vos collègues de travail. D’autant plus que dans le milieu professionnel, les personnes camouflent leurs émotions négatives.

Mais vivre cette phase descendante du seuil seul(e) n’est pas une bonne idée ni pour vous, ni pour vos collègues. En effet, votre humeur a des répercussions directes sur vos collègues de travail. Alors, l’une des solutions possibles est de vous confier à un ou une collègue de travail.

Dans cette phase descendante, il est également important d’évacuer vos émotions négatives. Trouvez une activité qui vous apaise ou au contraire qui vous défoule pour ne pas que vos émotions se répercutent sur vos collègues de travail.
Cependant, même si votre décision de vous reconvertir est actée, que votre équipe est au courant et que votre départ est fixé, il faut continuer à épauler votre entourage professionnel. Dans cette phase montante, vous pouvez accompagner votre successeur à son nouveau poste tout en vous mettant en retrait. Il faut que lui aussi trouve ses marques et qu’il soit accepté par ses nouveaux collègues. Autre possibilité, au-delà du traditionnel pot de départ qui symbolise la fin d’un chapitre, vous pouvez organiser un moment plus intime de partage avec vos collègues.

À la maison c’est la même chose. Vous reconvertir impacte directement votre conjoint(e) et vos enfin (si vous en avez). Eux aussi doivent faire le deuil de votre job.  Votre famille va aussi traverser la courbe du deuil. Effectivement, votre reconversion va les impacter plus ou moins : l’organisation de la famille, le niveau de vie,…. Il faudra donc un temps d’adaptation.

Source : Psychologies

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